La Normandie lance un autocar rétrofité H2 sur ses lignes

par | 20 Avr, 2024 | Autocar, Entreprise, Les Infos

Dans l’amicale bataille de communication que se livrent aujourd’hui quelques régions quant à savoir qui sera la première à mettre en œuvre un autocar rétrofité en version électrique-hydrogène, l’Occitanie de Carole Delga a clairement remporté l’épreuve de la « livraison » le 17 avril dernier, avec l’Intouro rétrofité par SAFRA.

 

En revanche, c’est bien la Normandie d’Hervé Morin qui a gagné l’épreuve de « la mise en service », puisque son autocar Crossway rétrofité lui par IBF H2, est mis en exploitation en ce 22 avril par Transdev Normandie sur la ligne 216 (Evreux-Rouen) du réseau régional.

 

Hervé Morin, président de la Normandie, lors de la présentation du Nomad Car Hydrogène.

 

Initié par Transdev Normandie et mené pendant 3 ans en coopération avec une douzaine d’acteurs institutionnels, industriels et universitaires, Nomad Car Hydrogène est donc de fait le premier projet de rétrofitage d’un autocar thermique diesel en autocar électrique hydrogène en circulation sur une ligne régulière. Il est donné avec une autonomie de 450 km.

 

Il s’agit en substance d’un autocar Iveco Bus Crossway Euro V de 2011. IBF H2, startup installée à Amiens, a développé une solution globale en réalisant un banc d’essai complet monté sur châssis et équipé de composants produits selon les normes européennes.

 

Le Crossway Euro V a été rétrofité en électrique-hydrogène par IBF H2.

 

Ce banc est consituté des solutions techniques suivantes : Dana pour le moteur, Ballard pour la pile à combustible, CATL pour les batteries et Plastic Omnium pour les réservoirs H2. Il a été rôdé sur plus de 1 800 km pour garantir son fonctionnement.

 

Il est arrivé en décembre 2021 dans les locaux d’IBF H2 pour procéder à l’intégration de ces éléments sur le châssis du car Crossway de 11 ans. La réception à titre isolé a été délivrée le 1er février 2024 par le CNRV, et permet donc au car de circuler sur les routes avec des voyageurs à bord.

 

Le SIÈGE 27, qui a implanté la 1ère station Hydrogène capable de délivrer 50kg d’H2/jour à une pression de 700 bar en Normandie près d’Evreux, et Transdev ont signé une convention pour la fourniture d’hydrogène du car rétrofité sur la durée de l’expérimentation et pour la phase d’exploitation.

 

Atawey, fabriquant de la station d’avitaillement H2, a procédé à la mise à jour du logiciel pour permettre un remplissage optimum (temps de compression, durée d’avitaillement etc.).

 

Transdev, un des porteurs du projet, et exploitante de la ligne 216, a tenu à soigner l’intérieur de ce véhicule, remis aux goûts du jour.

 

Lors de la présentation officielle le 19 avril dernier, Hervé Morin, fier de l’aboutissement de ce projet, a tenu à rappeler que le concept du rétrofit pouvait certainement constituer une solution d’avenir pour la transition écologique des autocars. Et de rappeler qu’en Normandie, sur les quelque 2600 cars actuellement exploités, rien que 800 pouvaient de fait être éventuellement éligibles au rétrofitage.

 

Pour autant, les réalités chiffrées diversement évoquées lors de cette journée viennent quelque peu tempérer les enthousiasmes. S’il est difficile d’entrevoir le coût global du projet Nomad Car hydrogène qui trouvait là son aboutissement, selon les représentants d’IBF H2, ce Crossway rétrofité, que l’on doit tout de même encore considérer comme un prototype, représenterait un investissement de l’ordre de 1,5 M€ à lui tout seul.

 

Les nombreux partenaires du Nomad Car hydrogène normand.

 

Un coût très important donc, surtout lorsqu’il faut ajouter à la facture de l’opération les coûts d’infrastructure, d’études, de fonctionnement, etc. Le tarif du kilogramme d’hydrogène n’ayant par exemple jamais été évoqué…

 

Enfin, on peut légitimement s’interroger sur la capacité réelle de production d’autocars de ce type en série, même si plusieurs acteurs sont désormais positionnés sur ce créneau.

 

A titre d’exemple, IBF H2 travaille aujourd’hui à la construction d’une ligne de production d’une capacité de 10 véhicules chaque année, pour un coût unitaire envisagé de 350 K€.

 

 

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