La Cour des comptes s’oppose à la gratuité des transports collectifs

par | 15 Sep, 2025 | Entreprise, Les Infos, Réseau

Dans un rapport intitulé « la contribution des usagers au financement des transports collectifs urbains », publié le 15 septembre, la Cours des comptes prend clairement position contre la gratuité des transports collectifs.

Pour étayer leur point de vue, les magistrats ont opposé deux stratégies, portées par deux agglomérations, celles de Montpellier et de Lyon. A Montpellier, la gratuité a été mise en œuvre en 2023.

« La gratuité a pour effet d’augmenter la fréquentation des transports collectifs urbains principalement dans les centres urbains pour des déplacements de courte distance, davantage au détriment de la marche et du vélo que de la voiture », constatent les rapporteurs du rapport.

A Montpellier, l’agglomération a vu la fréquentation augmentée de 20%, mais elle s’est privée de 40 M€ de recettes, n’a pas constaté une diminution flagrante du recours à l’automobile et constate, en centre-ville, que ses transports en commun sont régulièrement bondés.

A contrario, à Lyon, où l’abonnement mensuel toutes zones coûte 90 €, la part des habitants ayant recours aux transports collectifs est passée de 15 à 18% entre 2006 et 2015, tandis que la part de trajets effectués en voiture est passée de 50% en à 44% sur la même période.

La Cours des comptes rappelle aussi que les sondages sur le sujet montrent que 75% des Français continuent à utiliser leur voiture à cause d’une offre insatisfaisante des transports en commun, et qu’ils ne sont que 15 à 20% à mettre en avant des tarifs trop élevés.

« L’augmentation de l’offre a, de fait, permis d’accroître la fréquentation dans une proportion plus grande, malgré une augmentation significative des tarifs », affirment ainsi les rapporteurs.

Visiblement, les magistrats estiment aussi qu’il vaut mieux privilégier le concept de « tarification sociale » et de réserver ces réductions à ceux qui ont de faibles niveaux de ressources.

Enfin, la Cours des comptes milite pour une réforme urgente du financement des transports collectifs. Ils pointent du doigt la nécessité d’une augmentation de l’offre qui, selon eux, entraînera inévitablement une hausse des tarifs, notamment à cause des investissements nécessaires à la transition énergétiques.

Les magistrats de la rue Cambon citent d’ailleurs en exemple les choix effectués par Ile-de-France Mobilités (hausse du Pass Navigo de 2,6%, taxe additionnelle à la taxe de séjour, contribution des collectivités locales, etc.)

« L’UTPF (Union des transports publics et ferroviaires) estime qu’un ralentissement des efforts d’investissement tant en matière de transition énergétique que d’évolution de nouveaux services sont à craindre. Le cas échéant, dans les territoires les plus touchés, l’offre pourrait même être réduite », concluent les rapporteurs.

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