Cette édition 2023 de l’emblématique salon Busworld a été marquée par l’exposition de quelque 220 véhicules, et l’écrasante majorité d’entre eux se trouvait être destinée au marché du transport urbain. Ce sont donc bien des autobus qui ont été les stars de ce salon, et dans une écrasante majorité, électriques. Les transports urbains de demain seront donc électriques, ou ne seront pas…
Comme dans nos précédents chapitres consacrés aux nouveautés fonctionnant à l’hydrogène ou aux autocars, nous n’aborderons dans ces colonnes que les marques distribuées, ou peut-être en passe de l’être, dans l’Hexagone.
En tout bien tout honneur, commençons cette revue de détail des nouveaux bus présentés à Busworld Europe par le constructeur Iveco Bus, leader du marché français avec ces deux marques Iveco et Heuliez-Bus, et qui a présenté sa gamme E-Way nouvelle génération (GX ELEC en France). Elle peut être dotée, en fonction du modèle choisi, de 5 à 9 packs de batteries NMC, conçue et fabriquée spécifiquement par FPT Industrial pour le constructeur, et dont la capacité unitaire atteint 69,3 kWh. Ces batteries, réparties en toiture et dans le compartiment arrière, offrent aux midibus E-WAY 9,5 m une capacité énergétique de 346 kWh avec 5 packs, et jusqu’à 416 kWh avec 6 packs pour le modèle 10,7m, les deux se rechargeant au dépôt. Les standards 12 m, grâce à une combinaison de 5 à 7 packs, disposent d’une capacité totale de 346, 416 ou 485 kWh. Les versions articulées de 18 m pour respectivement 416, 485, 554 ou 624 kWh embarqués. Les modèles E-WAY de 12 et 18 m acceptent les recharges au dépôt par prise Combo 2 CSS et les recharges intermédiaires par pantographe descendant ou ascendant. Ils sont donnés avec une autonomie maximum de l’ordre de 400 km. Les E-Way sont équipés du moteur électrique Siemens Elfa III, qui offre 310 kW de puissance maximale (3000 Nm) aux versions 9,5, 10,7 et 12 m, et 375 kW (4000 Nm) à la version articulée, ainsi qu’un nouvel essieu avant de 8,2 tonnes.
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Parallèlement, Iveco Bus a souhaité mettre en avant Le Streetway ELEC, un autobus urbain à plancher surbaissé, disponible en 12 mètres de long. Il est équipé d’un moteur électrique Voith de 310 kW. Son architecture modulaire de stockage d’énergie offre une combinaison de 5, 6 ou 7 packs de batteries répartis entre le toit et à l’arrière du véhicule, pour une puissance respective de 346, 416 ou 485 kWh. La capacité étendue de la batterie permet une autonomie allant elle aussi jusqu’à 400 km. Il est conçu pour une opération journalière avec recharge nocturne au dépôt à travers une prise individuelle Combo 2 CSS (durée: jusqu’à 5 heures en fonction de la capacité du système de charge, max 150 kW). Enfin, ce véhicule qui peut accueillir 90 passagers, est disponible avec un choix de deux ou trois portes d’accès.
Autre découverte de taille à l’occasion de ce salon, le bus bi-articulé de Van Hool destiné à la ligne Tzen 4 opéré par Ile-de-France Mobilités représentait presque à lui seul (il voisinait un autobus A12 100% électrique) la gamme A de l’industriel. Ce véritable BRT (Bus Rapid Transit) dominait le stand du constructeur de ses 24 m de longueur. Il circulera sur une voie dédiée, bénéficiera d’une recharge par le sol, une première, et devrait être mis en service en 2024 dans le département de l’Essonne pour desservir les communes de Viry-Chatillon, Grigny, Ris-Orangis, Évry-Courcouronnes et Corbeil-Essonnes. La quinzaine de véhicules actuellement en cours de construction devrait accueillir chacun 140 passagers et tous serontaccessibles aux PMR. Si ce véhicule a été conçu par Van Hool, il l’a fait en collaboration avec Kiepe Elektrik et Alstom. Par exemple, les batteries, conçues par Kiepe Electric, alimentent deux moteurs électriques de 160 kW offrant une puissance d’environ 435 ch. C’est Alstom qui est à l’origine du système de contact au sol installé aux deux terminus de la ligne, chaque bus pourra être rechargé en 5 mn seulement.
Pour la première fois, MAN a produit et présenté un autobus Low Entry électrique : il s’agit du Lion’s City 12 E LE, un véhicule à deux essieux avec un empattement de 6 005 mm, doté d’un moteur de 160 kW et d’une puissance maximale de 240 kW. Six packs de batteries offrent une capacité maximale de 480 kWh. L’industriel rappelait toutefois que, jusqu’à l’adoption de la norme Euro 7, la gamme Lion’s City fonctionnant au gaz naturel (moteur E18) restera disponible en deux longueurs, et continuera à être produite en version diesel avec le moteur D15.
Mercedes-Benz a mis en avant son e-Citaro, déjà commercialisé )à plus de 1000 exemplaires, et désormais produit avec des batteries NMC3 qui lui donne une autonomie de 300 km. Ces batteries lithium-ion NMC3 (NMC = nickel-manganèse-cobalt-oxyde) ont été introduites dans l’eCitaro depuis la fin 2022. Le bus solo dispose de trois batteries d’une capacité totale de 294 kWh. Le bus articulé dispose de trois ou quatre blocs-batteries d’une capacité énergétique maximale de 392 kWh.
Avec une gamme d’autobus déjà particulièrement complète, avec tous les types de motorisations disponibles, le constructeur polonais Solaris (filiale de CAF), présentait cette année au salon Busworld en avant-première une nouvelle version de son articulé de 18m électrique (en complément de son Urbino 18 H2). Construit sur la base d’une nouvelle architecture de motorisation et équipé de batteries haute densité de dernière génération, l’Urbino 18 électrique se distingue de prime abord par sa conception sans tour moteur traditionnelle, utilisant un groupe motopropulseur distribué avec des composants situés sur le toit et à l’arrière de l’autobus. L’objectif affiché par le constructeur étant de maximiser l’espace pour les passagers et la flexibilité de configuration, permettant une utilisation polyvalente de l’espace sur le toit.
Scania a présenté au salon un Scania Castrosua LE 4×2 équipé d’une capacité de batterie de 520 kWh. Un véhicule basé sur la nouvelle plate-forme de bus électrique (BEV) développée par Scania (et ouverte à la collaboration avec d’autres carrossiers que Castrosua), qui a été lancée pour l’occasion. Long de 13 mètres, ce véhicule est doté d’une suspension indépendante à l’avant, selon les très rares spécifications partagées jusqu’à présent par le groupe. Ces bus seront disponibles en deux niveaux de performances : une variante à quatre batteries d’une capacité installée de 416 kWh et une variante à cinq batteries d’une capacité installée de 520 kWh. Dans des conditions optimales, cela équivaut à une autonomie de plus de 400 km pour le premier, et de plus de 500 km pour le second. Equipés de ce nouveau système électrique et le tableau de bord Smart Dash, les bus sont dotés de fonctionnalités numériques nouvelles ou améliorées : fonctions de sécurité et diagnostics, etc.
VDL Group, la branche Bus & Coach, qui avait lancé le New Generation Citea électrique, son cheval de bataille en matière d’autobus, sur le marché exactement en 2020, au pire moment. Malgré les difficultés, les livraisons ont démarré début 2023, et, selon l’industriel, quelque 750 véhicules seraient d’ores et déjà inscrits dans les carnets de commandes, dont une quarantaine pour la France. C’est donc bien le New Generation Citea LE 122 (le 12m pour simplifier) qui était à l’honneur sur le stand VDL de Busworld, dans une version équipée de batteries d’une capacité de 490 kWh. En termes de plan produit, l’industriel envisage de présenter avant la fin du trimestre la version LE 135, c’est-à-dire en 13,50 m, avant une version LF 181 (un 18 m articulé) dans la première moitié 2024, et un LE 149 (14,90 m et trois essieux) par la suite.
Le Irizar ie Tram 100% électriques est déjà présents dans 11 pays européens et plus de 1 000 véhicules de ce type devraient être en circulation en Europe d’ici le début de l’année 2024, tandis que les premières commandes pour 2025 sont déjà enregistrées. Cette nouvelle génération d’autobus présente des améliorations en matière de sécurité, intégrant la nouvelle norme GSR2 ADAS, qui inclut également la cybersécurité des véhicules. Elle dispose également d’une nouvelle génération de batteries à plus faible consommation et à plus grande autonomie qui, selon le constructeur, améliorerait de 30% l’énergie disponible en BOL et EOL. Enfin, le ie Tram dispose d’un nouveau système tracteur, au design plus léger (-26%) et plus compact, qui intègre également une nouvelle IHM numérique permettant, selon le constructeur, une personnalisation maximale.
Le suisse HESS est sur un segment particulier, puisque ces véhicules, baptisés LightTram, tiennent tout autant de l’autobus que du trolleybus, avec des allures de tramway sur pneus. Disponible dans des longueurs de 10 à 25 m, ils sont disponibles avec différents modes de recharge (notamment toute la gamme des pantographes disponibles) et embarquent une batterie leur permettant de circuler en toute autonomie sur les sections non équipées de bifilaires. Deux modèles étaient exposés sur le stand du constructeur, qui peut se prévaloir d’un total de 127 véhicules commandés en France, une situation qui risque cependant d’engorger les lignes de fabrication…
Ebusco, le constructeur néerlandais, présentait deux autobus sur son stand, un modèle 2.2 de 12 m en version low entry, et un modèle 3.0 de 18 m articulé. Ils sont équipés de batteries LFP CATL et, grâce à leur conception particulière, intégrant des éléments de structure en carbone, se révèlent être parmi les plus légers du marché, ce qui contribue à augmenter son autonomie. Ils sont aussi parmi les seuls autobus de ce type à être équipés de pneumatiques en monte simple, ce qui permet cette fois un gain d’espace dans le compartiment passager. Ebusco construit une usine de production en France, à Cléon, près de Rouen, pour produire le modèle 3.0.
L’autobus turc arrive en force
L’industrie turque du car et du bus était, numériquement, la plus représentée dans les halls d’exposition de Busworld 2023. Concernant uniquement les marques disponibles sur le marché français dans tous les gabarits et types de motorisations, on remarquait par exemple que Otokar ou Karsan avaient mis en avant les versions hydrogène de leurs autobus (respectivement Kent et e-ATA, voir notre précédent chapitre sur ce sujet) ou sur leurs gammes de minibus (un type de véhicules qui fera l’objet d’un prochain dossier).
On remarquait en revanche sur le stand de Temsa le Avenue Electron. Le bus de 12 m équipé du groupe motopropulseur SUMOTM de TM4, composé d’un moteur à entraînement direct à couple élevé et d’une électronique de puissance de qualité automobile. D2voilé en 2017, il est donné avec une autonomie de 400 km sur une seule charge.
Anadolu Isuzu, commercialisé en France par FCC, présentait de son côté son autobus électrique standard de 12 m, le Citivolt 12. Ce véhicule est équipé de l’essieu motorisé ZF AVE 130 (2 x 125 kW), avec de batteries une capacité maximale de 450 kWh. Il est donné avec une autonomie pouvant atteindre 480 km.
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Un raz de marée chinois à venir ?
Les constructeurs chinois se sont déplacés en force pour cette édition 2023 de Busworld, avec des gammes totalement électriques et des solutions technologiques innovantes. Même si ces industriels restent encore marginaux dans les immatriculations hexagonales, la qualité des productions présentées en exposition cette année, et sans doute les tarifs appliqués, devraient donner à réfléchir. Il restera cependant aux marques qui annoncent leur volonté d’implantation à résoudre les problématiques propres au marché du transport public urbain français : le passage obligé par l’appel d’offres (au coup par coup ou pour intégrer le catalogue d’une des centrales d’achats, CATP ou UGAP) et le SAV.
Chez Yutong, la gamme d’autobus présentée s’appuyait sur une nouvelle génération de batteries données avec une densité de 175Wh/kg et une compatibilité avec les systèmes de rechargement rapide. L’industriel, qui intègre désormais un nouvel essieu électrique « maison » et son propre système d’exploitation baptisé YOS. Etaient donc visibles le modèle standard U12, et son pendant articulé U18, qui dispose d’une autonomie de 500 km avec 563 kWh. Parallèlement, Yutong présentait un autobus à étage, le U11DD d’une longueur de 10,9 mètres et de 4,35 mètres de haut, avec une batterie de 385 kWh.
Pour BYD, c’est un châssis qui tenait vraiment la vedette du stand en matière d’autobus, le eBus BC12, qui intègre dans sa structure les batteries « Blade » légères développées par l’industriel. Le nouvel autobus eBus B12, au design soigné, et donné pour transporter jusqu’à 105 passagers, est donc assemblé sur ce châssis, et il dispose de deux méthodes de recharge : par prise au dépôt ou par pantographe. Le constructeur annonce une autonomie pouvant atteindre 600 km. Le design extérieur et intérieur évolue par rapport aux modèles précédents. Par ailleurs, BYD présentait un bus low-entry, le eBus B15 à trois essieux (14,775 m de long), et un articulé de 18,75 m, déjà présenté à l’UITP de Barcelone.
Zhongtong Bus, qui a lancé une site internet en français en juillet, une filiale en Allemagne en septembre et cherche des partenariats dee distribution dans toute l’Europe, dispose dans son catalogue d’un bus électrique de 12 m, et d’un modèle doté d’une pile à combustible. Le constructeur travaille pour l’instant sur l’homologation européenne (WVTA) de ces véhicules, le bus standard est attendu pour la fin 2023.
N’hésitez pas à consulter nos autres chapitres déjà consacrés à Busworld 2023 :
. Bruxelles, centre du monde des cars et bus