ABC Informatique, créée en 1988, est éditeur de logiciels, spécialisé dans les métiers du transport de personnes et dans le tourisme. Incontournable en France sur la première activité, il connait une croissance importante dans la seconde. Rencontre avec Nicolas Bertolami, PDG d’ABC Informatique.
Car & Bus News : En cette année 2024 qui commence, votre activité a-t-elle retrouvé un développement normal après les crises à répétition ?
Nicolas Bertolami : De fait, nous avons beaucoup de travail et notre niveau d’activité est meilleur que lors de la période avant Covid. A cause de cette crise, nos clients, nouveaux ou pas, avaient retardé certains investissements, cette période-là est révolue. En 2023 par exemple, 60% de nos ventes correspondent à de nouveaux clients qui sont venus vers nous, car nous ne démarchons pas. A titre d’exemple, nous avons gagné le marché du nouveau BRT de Dakar. Cette bonne orientation du marché nous a d’ailleurs permis de réaliser un chiffre d’affaires de 4,6 M€, le record dans l’histoire d’ABC Informatique.
CBN : Quel est le temps nécessaire entre la prise de contact et la mise en œuvre de vos solutions dans une entreprise ?
NB : Tout dépend bien entendu de la taille de l’entreprise. Globalement, lorsqu’il s’agit d’AbcCar, la suite modulaire qui constitue la base de données unique d’une entreprise de transport de personnes, il faut compter un mois entre le démarrage de nos actions et la mise en œuvre de notre solution au niveau de l’exploitation, un petit délai supplémentaire sera alors nécessaire pour la mise en place de la prépaie.
CBN : Avez-vous développé des nouveaux produits ?
NB : A proprement parler, non, nous nous appuyons toujours sur AbcCar et AbcTourisme. En revanche, nous sommes avant tout des techniciens de l’informatique et ces deux produits sont en évolution permanente. A titre d’exemple, notre portail conducteur connecté (lancé en 2012) n’a cessé d’évoluer. Il s’est aujourd’hui enrichi d’un système d’inspection des véhicules par QR Code. Ce système permet que vérifier que le conducteur prévu a bien fait le tour du véhicule qui lui était affecté, au moment prévu et pour la course prévue. Dans des registres proches, les conducteurs peuvent aussi recevoir des notifications sur Androïd comme IOS. Nous proposons aussi un système de connexion avec les boîtiers embarqués qui permettent de vider le chronotachygraphe à distance, ce qui permet de préparer la prépaie au fil de l’eau, etc. Enfin, nous avons beaucoup travaillé sur les interfaces, notamment pour répondre aux attentes de certaines AOM qui souhaitent recevoir en temps réel les informations sur l’exploitation. C’est un gros travail, car toutes les AOM n’ont pas les mêmes SAE.
CBN : Quel est l’impact sur votre activité de la transition énergétique en cours dans l’ensemble des secteurs du transport de personnes ?
NB : Notre intervention se situe par exemple au niveau de la gestion de l’atelier, au sein duquel doivent désormais coexister plusieurs énergies. Nous avons par exemple été récemment sollicité pour la mise au point d’une API (Application programming Interface, ou interface de programmation d’application, NDLR) que nous testons pour interfacer des logiciels de charge intelligent. En substance, le logiciel va optimiser la recharge en fonction des contraintes d’exploitations du lendemain. L’objectif étant là d’optimiser la mise à disposition des véhicules, le coût de la recharge et la durée de vie des batteries de traction.
CBN : On parle beaucoup de cyber-sécurité aujourd’hui. A quel niveau ABC Informatique peut-elle intervenir sur ce sujet au profit des entreprises du TRV ?
NB : Les entreprises de ce secteur ne sont pas plus les cibles de ce type d’attaque que n’importe quelle autre. Il est toutefois important aujourd’hui de réduire la surface d’attaque possible et de se donner les moyens de revenir le plus rapidement possible à un fonctionnement normal. La vraie question posée est celle de la mise à disposition des données. Il est donc nécessaire de réfléchir à l’architecture informatique de l’entreprise, à la gestion des droits d’accès, aux plans de réaction pour mesurer l’impact d’une attaque et en réduire les conséquences. On peut même envisager des moyens « offline » au cas où l’intégralité du système d’information est touché… Il s’agit en fait de mettre au point des Plans de continuité d’activité, et des Plans de reprise d’activité. Nous participons à la mise au point de ce type de plans, et lorsque des clients nous confient leurs données, nous réalisons nous même ce type d’exercices.
CBN : On parle d’un retour du tourisme de groupe, l’avez-vous vérifié au niveau de votre activité ?
NB : Nous assistons en effet à un retour de cette activité, même si nous n’avons pas retrouvé le même niveau qu’avant le Covid. Cependant, nous avons noté un retour des investissements dans les outils de productivité dans ce secteur, quand certains acteurs déjà implantés ne veulent plus attendre pour modifier ou moderniser leurs systèmes informatiques.
CBN : Quels sont les défis qu’ils vous faudra relever dans les mois et années qui viennent ?
NB : Le plus grand défi à venir sera certainement le projet de facturation électronique, même si sa mise en application a été repoussée au 1er septembre 2026. Cette évolution sera bien entendu intégrée dans nos logiciels et nous sommes en période de test. Nous attendons cependant que le gouvernement fige enfin les spécifications, notamment sur la partie tourisme, pour laquelle nous manquons encore de vision avec les problématiques de la TVA sur marge et des commissions…