EuMo 2024. Temps d’automne sur les transports publics

EuMo 2024. Temps d’automne sur les transports publics

Décalée dans le temps de juin à octobre, et délocalisée de Paris à Strasbourg pour cause de JO, l’édition 2024 de l’European Mobility Expo (EUMO), qui s’est déroulée du 1er au 3 octobre, fut d’abord marquée par une diminution du nombre des exposants, environ 200 cette année selon les organisateurs, et par une fréquentation visiblement moindre qu’à l’habitude.

Du côté des constructeurs d’autobus, voire d’autocars, là aussi, tous les acteurs présents sur le marché français n’avaient pas fait le déplacement. Parmi les vides, on remarquait notamment l’absence de MAN, Scania, Bluebus ou Temsa.

Volvo avait lui de son côté fait le choix de venir sans véhicule d’exposition, comme d’ailleurs Ebusco, qui fait actuellement face à d’importantes difficultés financières. Au chapitre des déceptions, on remarquait aussi le stand de l’Indien JBM, orné d’une grande maquette en bois de son autocar électrique à batteries. Le véhicule d’exposition était lui visible sur le parking voisinant le hall, une panne ne lui ayant pas permis de prendre place aux côtés de ses concurrents.

 

Karsan – HCI – E-Jest et e-ATA H2.

 

Les présents avaient pour leur part fait le choix de surfaces plus modestes qu’à l’habitude, à l’exception peut-être de HCI, distributeur de la marque Karsan, et qui exposait sur son stand son e-ATA hydrogène en version 12m, mais aussi un e-ATAK autonome et un minibus e-Jest.

L’événement fut aussi, et peut-être surtout, l’occasion pour HCI d’annoncer la prise de participation à hauteur de 80% de BYmyCAR (filiale du Groupe Cosmobilis) dans son capital, Karsan ne conservant désormais que 20% de l’actionnariat de l’entreprise française.

 

Iveco Bus – GX Elec de 12m.

 

Le stand d’Iveco Bus présentait un GX Elec de 12m aux couleurs de la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS), tandis que dans un autre espace du hall, pouvait se découvrir un E-Way équipé de la pile à combustible Hyundai.

 

Iveco Bus – E-Way H2.

 

Le constructeur polonais Solaris présentait un Urbino 12 hydrogène aux couleurs du réseau de Rostock (Güstrow, Allemagne).

 

Solaris Urbino 12 H2.

 

Mercedes-Benz misait sur son eCitaro avec prolongateur d’autonomie hydrogène, tandis que Irizar e-mobility mettait en valeur son ie tram 12 aux couleurs d’Orléans Métropole, ce qui lui permettait de fêter la livraison du 1000e véhicule 100% électrique de ce type.

 

Le Mercedes-Benz e-Citaro H2.

 

Enfin, chez Otokar, trônait un minibus e-Centro C.

 

Otokar e-Centro C.

 

Dans le second hall d’exposition, trônait chez le Suisse Hess un lighTram bi-articulé de 24,5 m, un modèle qui semble avoir le vent en poupe auprès d’un certain nombre de réseaux européens.

 

Le lighTram bi-articulé de 24,5 m de Hess.

 

Enfin, parmi les acteurs du rétrofit, seul Retrofleet avait fait le déplacement avec un exemplaire d’Iveco Crossway converti à l’électrique à batteries, et l’annonce d’une arrivée prochaine sur le marché du Mercedes-Benz Intouro lui aussi rétrofité en 100% élecrique.

 

Le Crossway rétrofité de Retrofleet.

 

La surprise Omnicar

 

Le visiteur attentif et habitué de ce type de manifestation était donc en terrain connu, nonobstant la surprise découverte sur le stand d’Omnicar, une société établie depuis 1998, jusqu’à ce jour connue pour la commercialisation de minibus et minicars sur base Sprinter ou Daily. A Strasbourg, Omnicar présentait cependant un minibus électrique, le W-Smile S7 de 7m de long. Un véhicule conçu par Omnicar, mais réalisé en Chine par Omnicar GmbH à partir de 80% de composants européens et équipé de batteries CATL. Un nouveau venu donc, dont la version 6m est déjà référencée par l’UGAP, et pour lequel le nouveau venu sur ce marché particulier nourrit d’importantes ambitions.

 

Le W-Smile S7 d’Omnicar.

 

Au fil des allées

 

Les amateurs de matériel roulant pouvaient aussi découvrir une navette autonome Navya, exposé en statique dans un des halls, et la navette Cristal de Lohr, qui elle, était (avec toutefois un opérateur à bord) mise à disposition des visiteurs entre un arrêt de bus et le centre d’exposition. Dans un genre quelque peu différent, il était aussi possible de se familiariser avec l’Urbanloop, ce petit véhicule deux places sur rail, et lui aussi autonome, qui connut son heure de gloire pendant les JO.

 

La navette Navya.

 

 

La navette Cristal de Lohr.

 

Enfin, pour les nostalgiques d’un temps où le diesel régnait en maître et ou l’électronique restait encore du domaine du concept, EUMO proposait une belle exposition de quelques véhicules anciens, dont un S53 (Saviem) ou plusieurs modèles Berliet.

 

Un Saviem S53.

 

Car & Bus News reviendra prochainement dans le détail sur les stratégies d’Omnicar, de Solaris Bus & Coach et de Hess et vous présentera plusieurs innovations glanées au fil des stands.

 

 

Autocar Expo 2024 : le rendez-vous de fin d’année

Autocar Expo 2024 : le rendez-vous de fin d’année

La prochaine édition d’Autocar Expo se déroulera du 3 au 6 décembre prochains au parc des expositions de Lyon. Un changement de dates en forme de pari. A quelques mois de ce rendez-vous, Car & Bus News fait le point avec Yann Saint-Denis, Commissaire général du salon.

 

Car & Bus News : Autocar Expo a fait le pari pour son édition 2024 de changer les dates de l’événement pour s’installer début décembre dans les halls de Lyon Eurexpo. A quelques mois maintenant du salon, avez-vous remporté votre pari ?

Yann Saint-Denis : A la date d’aujourd’hui, c’est-à-dire à trois mois de notre 8e édition, nous pouvons effectivement considérer que notre pari a été gagnant. Nous aurons en effet la chance de retrouver l’ensemble des acteurs de la filière qui ont majoritairement répondu présent.

 

CBN : Tous les constructeurs présents sur le marché français ont-ils répondu présent à l’appel d’Autocar Expo ?

YS-D : Autocar Expo reste clairement le rendez-vous hexagonal incontournable pour l’ensemble des acteurs du transport routier de voyageurs. Pour preuve, les visiteurs pourront durant quatre jours aller à la rencontre d’Iveco Bus, Mercedes-Benz, Setra, MAN, Scania, Temsa, Dietrich Vehicules, BC Motor, Négobus, Omnicar ou Autocuby.

 

CBN : Qu’en est-il des équipementiers ?

YS-D : La liste est aujourd’hui loin d’être exhaustive, et le panel des équipementiers qui exposeront dans le cadre d’Autocar Expo sera révélateur de la diversité des offres mise à disposition des opérateurs de transport. Nous accueillerons donc par exemple ABC Informatique, WII, Glazing, Bridgestone, Belgian Bus, ZF, Allison, Périnfo, BlablaCar, Oleo 100, pour ne citer que ceux-là. Il reste d’ailleurs encore quelques emplacements disponibles et je ne peux qu’inviter les équipementiers qui n’ont pas encore réservé leur emplacement à prendre contact avec nos services*.

 

CBN : Combien de véhicules attendez-vous dans le hall d’exposition et hors les murs ?

YS-D : Il me semble encore trop tôt pour communiquer sur le nombre exact de véhicules qui seront présentés, mais nous comptons déjà sur une bonne centaine de modèles en exposition.

 

CBN : Avez-vous déjà une idée des nouveautés qui pourraient être présentées à cette occasion ?

YS-D : En cette rentrée, les constructeurs restent discrets sur ce qu’ils nous présenteront début décembre. Je pense que nous en saurons plus en octobre et nous communiquerons alors sur les nouveautés à venir.

 

CBN : Quelles nouveautés, notamment en matière d’animation, avez-vous prévues pour cette 8e édition d’Autocar Expo ?

YS-D : Nous reprenons les mêmes recettes qui ont fait notre succès lors des éditions précédentes. Nous organisons trois tribunes qui traiteront de sujets importants pour le secteur des TRV : le mix-énergétique, les besoins de mobilité en milieu rural, la place des RSE par rapport aux attentes des autorités organisatrices de mobilité. Par ailleurs, des animations seront organisées dans le cadre de notre « espace détente » tout au long de la manifestation, et nous aurons notre traditionnelle « Nocturne » dans la soirée du jeudi 5 décembre. Enfin, il ne faut pas oublier les essais dynamiques de véhicules qui auront lieu tout au long de l’événement.

 

CBN : Cette date de début décembre est-elle amenée à se pérenniser pour l’édition 2026 ? 

YS-D : Aujourd’hui, rien n’est fermé sur ce sujet, et nous ferons le point à l’issue du salon avant de prendre notre décision.

 

*Contact Autocar Expo : lescles@gmail.com ou 01 42 31 22 20

Ce si « cher » hydrogène vert…

Ce si « cher » hydrogène vert…

Un rapport de la Cour des comptes européennes est passé quelque peu inaperçu au plus fort de l’été, il aurait pourtant pu faire l’effet d’une bombe dans l’univers des promoteurs de l’hydrogène qui présentent cette source d’énergie comme la réponse miracle à toutes nos attentes à courts et moyens termes.

L’organisme européen alerte ainsi le 17 juillet dernier sur l’irréalisme des plans européens. Et le rapport ne mâche pas ses mots, puisqu’il estime rien moins que « les objectifs fixés pour 2030 en matière de production et de demande d’hydrogène renouvelable étaient trop ambitieux », « dictés par une volonté politique » sans « analyse rigoureuse ».

Présentée en juillet 2020, la Stratégie européenne pour l’hydrogène « vert », tablait sur une production annuelle d’un million de tonnes d’hydrogène renouvelable, à l’échelle européenne, et ce dès 2024. Le règlement RePowerEU est venu pousser le curseur jusqu’à 10 MtH2/an à échéance 2030, notamment grâce à 40 GW d’électrolyseurs installés. L’objectif affiché étant d’atteindre à termes 20 Mt.

Or, comme le souligne la Cour des comptes de l’UE dans son rapport, l’objectif de production de 10 MtH2/an pourrait « nécessiter jusqu’à 140 GW d’électrolyseurs », car, lorsqu’ils sont alimentés par des sources intermittentes, le rendement et la durabilité des électrolyseurs chutent drastiquement.

Par ailleurs, et toujours d’après les estimations de la Cour des comptes européennes, les vrais besoins devrait plutôt osciller entre 3,8 et 10,5 MtH2/an (selon un autre rapport, cette fois provenant de l’Agence internationale de l’énergie)…

Autre point qui fait mal, la Cour des comptes de l’UE explique sans détour que cet objectif « a été préconisé dans un document publié par un groupe de pression de l’hydrogène » (Hydrogen Europe, NDLR). Autrement dit, un groupe de pression qui lie sans doute idéologie et intérêts économiques (certains commentateurs évoquent la Chine et l’Arabie Saoudite…).

Autre point qui fâche concernant cette transition vers l’hydrogène vert, celui du financement. D’après les calculs de la Cour des comptes de l’UE, entre 2021 et 2027, la Commission européenne a prévu de débloquer 18,8 Mds€, notamment à travers le programme de relance du plan NextGenerationEU et le Fonds pour l’innovation sous forme de projets importants d’intérêt européen commun (Piiec).

Ainsi, la Banque européenne de l’hydrogène, ouverte en novembre dernier, avec un premier guichet à 800 M€, devrait disposer de 1,2 milliard de plus en 2024.

Là encore, les sages de la Cour des comptes de l’UE pointent du doigt une certaine inconséquence de l’UE, puisqu’ils évaluent plutôt entre 335 et 471 Mds€ les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de la stratégie européenne, dont au moins 200 à 300 milliards pour accroître les capacités en électricité renouvelable et 50 à 70 milliards pour déployer les électrolyseurs…

Enfin, restera le sujet du prix au kilo de cet hydrogène vert, qui s’avère aujourd’hui à minima 4 fois plus cher que l’hydrogène dit gris (obtenu à partir du méthane)…

Heureusement pour les rêveurs du nouveau monde vert fonctionnant à l’hydrogène, il est probable que ce rapport finisse (comme on sait si bien le faire en France) au fond d’un tiroir. La réélection de Mme Van der Leyen à la présidence de la Commission et sa volonté réaffirmée de mettre en application son fameux Pacte vert le laisse à penser.

 

 

Interview. Le Forum Hydrogen for the Climate 2024, l’industrie en ligne de mire

Interview. Le Forum Hydrogen for the Climate 2024, l’industrie en ligne de mire

La 4e édition du Forum Hydrogen for the Climate se déroulera les 1er et 2 octobre prochains à Montbéliard. Un événement qui s’est donné cette année pour objectif de mettre en lumière l’industrialisation de cette filière, notamment dans la région Nord-Franche Comté. Rencontre avec Thierry Tournier, président du Pôle Véhicule du Futur, organisateur du forum.

 

Car & Bus News : Pour cette nouvelle édition à venir, quelle orientation avez-vous donné au Forum Hydrogen for the Climate ?

Thierry Tournier : L’objectif est assez simple pour cette quatrième édition. Nous souhaitons répondre aux attentes de la filière hydrogène, bien implantée dans le secteur Nord Franche-Comté, qui a aujourd’hui besoin de passer à l’échelle selon les termes aujourd’hui convenus. Notre Forum doit donc devenir une véritable usine à projets afin que les trois gigafactories présentes dans notre périmètre puissent remplir leurs carnets de commandes.

 

CBN : Comment comptez-vous participer à cette évolution ?

TT : A travers les trois ateliers et les neuf conférences que nous organisons, nous comptons identifier et rapprocher les fournisseurs de ces gigafactories. Notre idée est de mailler en circuit court en limitant, autant que faire se peut, le recours à des réseaux hors Union européenne.

 

CBN : Quelles sont les nouveautés qui vont caractériser cette nouvelle édition ?

TT : Concernant l’exposition, pour laquelle nous attendons une cinquantaine d’exposants, et quelque 500 visiteurs, nous disposerons cette année d’un plateau TV qui permettra aux entreprises présentes de se présenter, d’inviter des clients, voire de faire des annonces.

 

CBN : Dans le domaine spécifique des autocars et autobus, quels aspects seront-ils abordés lors de ce nouveau Forum ?

TT : Dans ce domaine, nous aurons par exemple l’occasion de faire un point sur les premiers mois d’exploitation de la station hydrogène qui alimente les bus H2 du réseau de transport de Belfort. Dans un registre proche, nous aborderons aussi la décarbonation des bâtiments et de l’industrie, et nous aurons une table ronde consacrée à la compétition automobile et à l’évolution des moteurs à combustion interne utilisant de l’hydrogène à l’état liquide.

 

 

Interview. La solution Park My Truck s’ouvre aux autocars

Interview. La solution Park My Truck s’ouvre aux autocars

La société Park My Truck est née d’un constat simple : il manque en France quelque 100 000 places de parkings pour les poids-lourds, tandis que certains sites, les parcs d’expositions par exemple, disposent d’espaces souvent sous-exploités en la matière. Fort logiquement, les autocaristes souffrant eux aussi de cette problématique de stationnement, notamment dans certaines grandes agglomérations, l’entreprise s’ouvre désormais aux opérateurs du transport routier de voyageurs. Rencontre avec Thierry Robert, un des trois fondateurs de Park My Truck.

 

 

Car & Bus News : Comment est né le concept Park My Truck ?

Thierry Robert : Dans une vie précédente, j’étais directeur logistique pour ViParis et notamment en charge des parkings des différents parcs d’exposition du groupe. Lors de la crise du Covid, qui a mis un coup d’arrêt à nos activités, nous avons recherché de nouvelles sources de revenus. C’est dans ce contexte qu’a germé l’idée de Park My Truck avec la rencontre de deux entreprises de voituriers qui avaient aussi développé une activité de parking courte durée pour les poids-lourds. Je les ai rejoints en juillet 2023 pour créer Park My Truck.

 

Entrée du parking Park My Truck de La Villette à Paris.

 

CBN : Quel est le mode de fonctionnement de votre système ?

TR : Notre idée consiste à proposer aux entreprises du transport routier de marchandise, et désormais aux sociétés d’autocars, des parkings bien implantés dans les agglomérations, surveillés 24h sur 24, et équipés de toilettes, douches et d’une salle de repos pour que les conducteurs puissent se reposer dans des conditions optimales. Jusqu’à ce jour, nous avons passé des accords avec ViParis et GL Events, ce qui fait que l’Ile-de-France par exemple, nous disposons de 78 places à Bercy et de 35 places à la Porte de la Villette. Le client qui recherche une place à une date donnée obtient le niveau de disponibilité sur notre site. Après avoir rempli le formulaire (entreprise, type du véhicule, numéro d’immatriculation) et réservé de un à trois jours de parking, il lui suffit de payer en ligne. Il reçoit ensuite un courriel de confirmation et son autocar sera automatiquement reconnu lorsqu’il se présentera à l’entrée du parking.

 

Le site de La Villette dispose de 35 places.

 

CBN : Quels sont vos tarifs, et de combien de parkings disposez-vous aujourd’hui ?

TR : Notre grille tarifaire est simple : de 54 € TTC pour 24h à 102 € TTC pour trois jours. Actuellement, nous exploitons quatre sites. En revanche, durant les JO à venir, notre parc de la Porte de la Villette sera entièrement occupé par la Gendarmerie Nationale. Nous avons donc passé un accord avec GL Events qui mettra son parking de 30 places du Parc Floral à notre disposition, à peu près dans les mêmes conditions qu’à La Villette, dont nous aurons l’exclusivité à partir de septembre prochain.

 

CBN : Quels sont aujourd’hui vos objectifs de développement ?

TR : Nous espérons disposer de 8 parkings d’ici à fin 2024, et nous voulons à termes disposer de nos propres parkings, ce pourquoi nous cherchons actuellement des investisseurs, voire un subventionnement à l’échelle européenne, puisqu’il manque semble-t-il 400 000 places de poids-lourds à l’échelle du Vieux Continent. Aujourd’hui nous explorons diverses possibilités en France à Metz, Reims, Mulhouse, Bordeaux ou Perpignan, mais aussi en Espagne. L’objectif est de mailler au mieux le territoire à des emplacements stratégiques avec des parkings de 50 places au plus.

 

 

Interview. Retrofleet en ordre de bataille

Interview. Retrofleet en ordre de bataille

Homologué en 2023, l’autocar Crossway rétrofité en version électrique à batteries de Retrofleet tourne actuellement dans les réseaux scolaires français à raison d’une vingtaine d’exemplaires. Fort de ce développement, l’entreprise, présente aux Journées Agir qui se déroulaient à Montpellier du 18 au 20 juin derniers, annonçait un plan de développement ambitieux pour les mois et années à venir. Rencontre avec Emmanuel Flahaut, président de Retrofleet.

 

Car & Bus News : Quel est aujourd’hui le carnet de commandes concernant votre Crossway électrique à batteries ?

Emmanuel Flahaut : A ce jour, nous avons une centaine de véhicules en commande. Nous produisons pour l’instant un autocar par semaine, mais notre objectif est d’atteindre un véhicule/jour d’ici la fin de l’année. A plus long terme, nous ambitionnons de produire quelque 1000 autocars chaque année, des Iveco Bus Crossway pour l’instant, complétés dès 2025 de l’Intouro de Mercedes-Benz.

 

CBN : Qu’en est-il exactement du coût et des performances de votre Crossway électrifié ?

EF : Actuellement, un autocar Crossway Euro VI qui nous est confié par un opérateur pour subir une opération de rétrofit est immobilisé environ un mois, et il lui en coûtera 190 000€. Nous concevons et produisons nos propres packs de batteries, à raison d’un pack chaque jour, et nous les garantissons 10 ans. Dans le même registre, notre moteur électrique est donné avec une durée de vie de 40 ans, sans véritable maintenance…Quant aux performances de nos véhicules, notamment en termes d’autonomie, nous annonçons toujours 150 kilomètres, bien que l’expérience acquise avec les véhicules déjà en service montre que les 200, voir 220 kilomètres sont régulièrement atteints.

 

Le Crossway rétrofité présenté par Retrofleet aux Journées Agir.

 

CBN : Retrofleet a semble-t-il développé une démarche particulière concernant la problématique de la recharge. Quelle est en la matière votre stratégie ?

EF : Concernant le rétrofit d’un autocar en véhicule électrique à batteries destiné à des services scolaires ou à des lignes régulières, les opérateurs doivent avant tout se poser des questions concernant la recharge. C’est pour cette raison que nous avons développé une approche qui s’appuie avant tout sur les besoins de l’opérateur, pour l’autocar comme pour les bornes, et ce en fonction des services envisagés. A partir d’une analyse que nous menons avec nos clients, il est possible de diminuer le coût de cette recharge à travers des stratégies adaptées aux usages de chaque entreprise, voire même de dégager des marges complémentaires. Nous fournissons donc des systèmes de recharge clés en mains, et il est même envisageable d’équiper le domicile des conducteurs qui gardent les autocars chez eux en dehors de leurs services.