par Pierre Cossard | Nov 12, 2025 | Autobus, Autocar, Entreprise, Les Infos
L’IFP Energies nouvelles vient de publier une note consacrée à l’évolution des systèmes de tarification carbone en 2025.
Pour l’essentiel, la tarification du carbone comporte cette année quelque, 81 systèmes (ETS et taxes) en vigueur dans le monde. En 2024, les ETS couvraient 12 GtCO₂e (soit 23% des émissions mondiales), tandis que les taxes carbone représentaient 5%.
En termes de tendances, cette note constate que les ETS s’étendent à de nouveaux secteurs : acier, ciment, chimie, transport, bâtiments, hydrogène gris, aviation, maritime, déchets… Tandis que plus de 75 % des émissions couvertes par un ETS s’échangent entre 10 et 70 USD/tCO2e.
Selon l’IFPEN, le prix du quota européen devrait atteindre 120 à 200 €/tCO₂e d’ici 2030. En 2024, ces marchés ont généré 70 Mds US$, dont 84,5% en Europe, finançant notamment le Fonds social pour le climat de l’UE.
L’Europe apparait d’ailleurs comme pionnière réglementaire, et le CBAM européen inspire déjà le Royaume-Uni, l’Australie, le Japon, la Turquie, la Thaïlande, Taïwan et le Chili.
Environ 40% des ETS et taxes permettent l’usage de crédits carbone. En 2024, les prix moyens étaient de 6,78 US$/tCO2e (crédits OTC), et de 15,50 US$/tCO2e (pour les crédits carbone issus de projets basés sur la nature).
Enfin, les Core Carbon Principles (CCPs) s’imposent comme standard de qualité pour garantir la crédibilité et la transparence des crédits.
En guise de conclusion, l’IFPEN note que l’hybridation croissante entre ETS, taxes et crédits carbone, ainsi que la diversification sectorielle, marquent la complexification des systèmes de tarification carbone.
« Mettre un prix sur les émissions de carbone, permet non seulement d’attribuer une valeur à l’action climatique, mais aussi de stimuler le développement de technologies à faible intensité de carbone en orientant les investissements vers l’innovation dans ce domaine, note Paula Coussy, Chef de projet Externalités Carbone – IFPEN. Les systèmes de tarification carbone jouent un rôle central dans cette dynamique en influençant les stratégies industrielles et en accélérant la transformation des secteurs énergétiques et industriels. Comprendre leur évolution est essentiel pour anticiper les défis et les opportunités qu’ils représentent. À IFPEN, nous analysons ces mécanismes pour accompagner les acteurs de la transition énergétique et éclairer les choix stratégiques. Cette note décode les tendances récentes et les perspectives des instruments de tarification carbone ».

Paula Coussy, Chef de projet Externalités Carbone – IFPEN.
par Pierre Cossard | Nov 11, 2025 | Autobus, Autocar, Entreprise, Equipement, Les Infos, Réseau
L’affaire a été révélée début novembre à Oslo par l’opérateur Ruter, qui exploite tout de même la moitié des transports publics de Norvège.
Lors d’essais menés dans l’ancienne mine de Sandvika, conçue pour bloquer tout signal extérieur, Ruter a constaté que Yutong (dont 850 autobus circulent à ce jour dans les réseaux norvégiens) disposait d’un accès numérique aux systèmes critiques de ses véhicules.
Officiellement destinée aux mises à jour logicielles et aux diagnostics, ce système pourrait par hypothèse permettre d’arrêter les bus à distance puisqu’il donne un accès direct au système de gestion de la batterie et de l’alimentation électrique.
« Le fabricant a un accès numérique aux systèmes de contrôle pour les mises à jour logicielles et les diagnostics. En théorie, cela pourrait être exploité pour influencer le bus », explique Ruter dans un communiqué désormais largement relayé en Europe.
Interpelé, Yutong a indiqué qu’il était « techniquement impossible » de contrôler à distance les fonctions de conduite, de freinage ou d’accélération. Les mises à jour ne concerneraient que les fonctions de confort et les interfaces.
En France, 132 véhicules électriques de marque Yutong sont en circulation (sur un total de 737), notamment à Paris, Strasbourg, Lyon, Toulouse et Marseille. Le constructeur a par ailleurs vendu plus de 8 500 véhicules depuis son arrivée en 2005 sur le continent européen.
par Pierre Cossard | Nov 7, 2025 | Autobus, Autocar, Entreprise, Equipement, Les Infos, Réseau
Comment les comportements de mobilité au quotidien ont-ils évolué depuis 2010 ? Le Cerema vient de publier une synthèse rendant compte des évolutions de mobilité récentes, notamment post-pandémie, constatées grâce aux données des enquêtes mobilités menées par des collectivités avec le Cerema.
Seule la prochaine enquête nationale 2026-2027 du ministère chargé des Transports permettra de dresser un état des lieux complet post crise sanitaire et de dégager les tendances sur le temps long.
Cependant, les enquêtes de mobilité certifiées Cerema (EMC²), régulièrement réalisées par les collectivités locales avec l’appui du Cerema, apportent tout de même de premiers éclairages.
Ainsi, le Cerema constate-t-il une baisse de près de 10% de la mobilité quotidienne par résident, en nombre et en kilomètres, au sein des aires urbaines. Une tendance portée avant tout par les personnes en âge de travailler qui sortent moins de chez elles et se déplacent moins.
En semaine, la baisse de la mobilité ne concerne pas que le travail, mais également les déplacements pour des achats, les démarches administratives et de santé et d’accompagnement.
En termes de modes, l’utilisation des transports en commun poursuit sa progression dans les grands centres urbains, mais reste stable dans les autres territoires, tandis que le nombre moyen de véhicules par adulte continue de diminuer légèrement mais uniquement dans les grands centres urbains.
Le taux de possession du permis est en recul quel que soit le type de territoire et sur toute la population entre 18 et 40 ans, alors que la part des déplacements vélo et marche augmente dans tous les territoires et particulièrement dans les centres urbains.
Concernant décarbonation de la mobilité, si elle est clairement amorcée dans les grands centres urbains, le défi demeure pour les longs déplacements quotidiens car plus de 80% d’entre eux sont toujours réalisés en voiture thermique, sur des distances importantes.
Le Cerema préconise donc de déployer des transports collectifs alternatifs de qualité à la voiture au-delà des centres-villes des grands centres urbains, de développer le covoiturage et l’autopartage, mais aussi de faciliter la marche et le vélo pour les déplacements de courte distance dans tous les territoires.
Plus généralement, le Cerema préconise d’articuler les politiques d’aménagement du territoire et de mobilités « pour rapprocher services et emplois des zones d’habitat ».
par Pierre Cossard | Nov 6, 2025 | Autobus, Autocar, Entreprise, Equipement, Les Infos, Réseau
Le 5 novembre, les négociateurs du Parlement et du Conseil se sont mis d’accord sur une méthode européenne unique pour calculer les émissions de gaz à effet de serre (GES) des transports.
Les nouvelles règles n’obligeront pas les entreprises de transport à calculer leurs émissions de GES. Toutefois, si elles choisissent de le faire, par exemple à des fins de déclaration, de contrat ou de marketing, ou lorsque d’autres règles européennes l’exigent, elles seront tenues d’appliquer la méthode européenne commune.
Le principe qui sous-tend la méthode consiste à comptabiliser les émissions résultant de l’utilisation des véhicules et de la fourniture d’énergie pendant les opérations de transport, exprimées en CO2 par tonne-kilomètre (pour le transport de marchandises) et en CO2 par passager-kilomètre (pour le transport de passagers).
Pour améliorer la précision, l’accord donne la priorité à l’utilisation de données primaires plutôt qu’aux estimations ou aux valeurs par défaut des émissions de GES, tout en prévoyant des incitations pour les exploitants qui mesurent directement leurs émissions.
Afin de réduire la charge administrative et financière pesant sur les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), les députés ont obtenu de la Commission l’engagement de mettre au point un outil de calcul public, simple et gratuit. , accompagné d’un manuel d’utilisation. La Commission dispose de quatre ans pour développer cet outil.
L’accord préliminaire reconnaît que la méthode actuelle ne couvre pas encore les émissions de GES sur l’ensemble du cycle de vie des services de transport. Les députés ont veillé à ce que, dans les quatre ans suivant l’entrée en vigueur des nouvelles règles, la Commission évalue la possibilité d’étendre la méthodologie européenne aux émissions tout au long du cycle de vie, notamment celles provenant de la fabrication des véhicules, de la production d’énergie, de l’entretien, de l’utilisation et de la fin de vie, une fois que des données suffisantes et les progrès internationaux le permettront. Cette évaluation guidera les futures mises à jour de la règlementation.
Cet accord préliminaire doit encore être approuvé par le Conseil et le Parlement. À quelques exceptions près, les pays de l’UE disposeront de quatre ans et demi ans pour transposer les nouvelles dispositions dans leur droit national et préparer leur mise en œuvre.
par Pierre Cossard | Nov 6, 2025 | Autobus, Autocar, Entreprise, Equipement, Les Infos, Réseau
Les Rencontres nationales du transport public 2025 (RNTP) qui se déroulaient à Orléans du 4 au 6 novembre derniers, accueillaient quelque 200 exposants sur 12 000 m2, mais, sans doute du fait de la proximité du récent salon Busworld, n’ont pas vu une large palette de véhicules exposés dans les allées du centre d’exposition.

Iveco Bus présentait un autobus électrique GX 337 ELEC de 12 m, ainsi que des espaces dédiés mettant en avant l’accompagnement global et personnalisé proposé par le constructeur en matière de services avec : Energy Mobility Solutions, les outils numériques et connectés avec IVECO ON et la réalité virtuelle mixte.
Ce véhicule bénéficie de la certification Origine France Garantie (OFG), il est équipé de batteries NMC d’une capacité unitaire de 69,3 kWh avec une densité d’énergie de 180 Wh/kg.

Daimler Buses présentait un des modèles de sa gamme d’autobus électriques eCitaro. Ce bus est proposé en 3 longueurs (10,6, 12 et 18 mètres) et l’industriel misait pour les RNTP sur sa nouveauté, le modèle le plus court. Pour la traction, il existe avec des batteries ou bien avec un prolongateur d’autonomie sous forme d’une pile à combustible à hydrogène.

FCC exposait deux véhicules, un midibus et un minibus. Le premier était l’Isuzu Novociti Life à motorisation diesel, le second un minibus électrique Tremonia Mobility sur base Mercedes-Benz Sprinter, désormais distribué par FCC. Enfin, le vendéen mentionnait aussi sur son stand l’arrivée prochaine dans son catalogue d’un autocar Higer de 13m.

HCI exposait une palette de trois véhicules de la marque Karsan, un minibus e-JEST, un midibus e-ATAK équipé d’un système de conduite autonome, et un autobus électrique e-ATA de 12 mètres.

L’univers du rétrofit était bien représenté, puisque le CRMT était venu avec un autocar Iveco Crossway modifié pour fonctionner au biogaz et aux couleurs du réseau Aléop de la région Pays de la Loire.

La société Retrofleet (groupe CBM), qui transforme des véhicules Iveco Crossway ou Mercedes-Benz Intouro en autocars électriques à batteries. Le modèle exposé pour l’occasion était équipé du système Mobileye.
HESS, dont les trolleybus sont déjà présents en France à Lyon, Nancy ou Clermont-Ferrand, avait fait le choix de ne pas présenter de véhicules, comme Solaris, ou Volvo, dont le modèle urbain électrique 7900 est assemblé en Egypte.
Lohr présentait une maquette de sa navette électrique Cristal. Donnée avec une autonomie de 120 à 170 km, cette navette a la possibilité de circuler en mode convoi avec jusqu’à 3 véhicules attelés, permettant de transporter jusqu’à 42 passagers. Elle est déjà exploitée à Ajaccio, Avignon, Orange, Saverne et aux Sables-d’Olonne.

Pour rester dans le domaine des navettes, un véhicule We Ride était exposé par Beti et la Macif. Un deuxième exemplaire était par ailleurs en démonstration à l’extérieur du salon, en partenariat avec SNCF Voyageurs et Keolis durant toute la durée des RNTP.

Enfin, de façon anecdotique, on notait aussi la présence du désormais connu mini véhicule Urbanloop, qui poursuit son développement en test à Nancy et Dunkerque.
Rendez-vous est désormais donné l’an prochain à la première édition de Mobco (nouveau nom des événements organisés par le GIE Objectif Transports Publics), du 9 au 11 juin à Paris.
par Pierre Cossard | Nov 3, 2025 | Autobus, Autocar, Entreprise, Equipement, Les Infos, Réseau
L’observatoire des modes de vie et des mobilités livre 20 années d’analyses inédites qui bouleversent les idées reçues sur les transports.
Le groupe Keolis publie aux éditions de l’Aube « 20 ans de Keoscopie – Derrière les apparences pour des transports qui nous ressemblent et nous rassemblent », un ouvrage qui révèle les véritables pratiques de mobilité des Français, loin des clichés et des moyennes statistiques.
Ce livre s’appuie sur plus de 100 études menées depuis 2005 par l’observatoire Keoscopie pour décrypter l’évolution des modes de vie et leur impact sur les déplacements.
Selon Keolis, l’ouvrage dévoile des réalités méconnues qui remettent en cause les fondements des politiques de transport actuelles :
- Seulement 20% des déplacements concernent le domicile-travail, alors que l’essentiel des politiques publiques se concentre sur ces flux ;
- 100% des femmes ont été harcelées au moins une fois dans les transports en commun, selon les données du Haut Conseil à l’égalité ;
- Derrière 50 voyageurs quotidiens se cachent 720 personnes différentes : l’analyse fine des données billettiques révèle que les besoins réels sont 14 fois supérieurs aux apparences.
Le livre met par ailleurs en lumière les inégalités entre territoires et populations :
- 86% des ruraux sont captifs de la voiture, avec un coût moyen du véhicule neuf passé de 24 500€ à 36 700€ en 10 ans (+50%) ;
- 65% des emplois sont incompatibles avec le télétravail, creusant le fossé entre les 59% de cadres qui peuvent télétravailler et les 7% d’ouvriers ;
- 1 Français sur 5 vit avec une fragilité invisible (11 millions en affection longue durée), dont 80 à 90% de handicaps non visibles.
L’ouvrage révèle aussi que les jeunes bouleversent les codes quand 62% privilégient les alternatives à la voiture individuelle, que les seniors sont actifs et mobiles ou que 40% des Français marchent plus de 30 minutes par trajet au moins une fois par mois, redécouvrant la marche comme mode de déplacement à part entière.